Un spécialiste de la
bonneterie nous a quittés
L’EST-ECLAIR 03/09/2013 J-M Van Houtte
Avec André Boisseau disparaît le
grand spécialiste de la bonneterie. Il s'est éteint dimanche dans sa 89e année
sans avoir jamais renoncé à ses passions : l'art, la bonneterie et une famille
riche de six enfants et d'une descendance nombreuse. André Boisseau s'est
éteint à deux pas de l'ancienne usine familiale. Une bonneterie fondée par un
grand-père et développée par son père, Léon, notamment autour de la marque
L'Aiglon. Industriel et homme politique - il sera député de l'Aube -, Léon
Boisseau est également homme de presse au travers de La Tribune de l'Aube. Le
jeune André fait ses études à Troyes et passe son bac pendant l'Occupation
avant de faire les beaux-arts à Paris. Plus tard, il recevra notamment
l'enseignement d'un sculpteur de renom, Bernard Milleret. Cette première
passion n'est pas mise à l'étouffoir quand son père l'appelle auprès de lui à
l'usine. Mais quand le bas sans couture met à mal la production troyenne, dans
les années d'après-guerre, André Boisseau est contraint de s'inventer un nouvel
avenir. Un pari puisque son mariage avec Marie-Louise, en 1947, lui a donné
cinq enfants - Jean-François (commissaire-priseur), Anne-Marie (enseignante),
Dominique (maire adjoint à Troyes), Marie-Christine (mère de famille) et Catherine
(relieur d'art) - et qu'un sixième naîtra plus tard : Philippe
(commissaire-priseur également)… Comme il aime l'art, qu'il est collectionneur
et ami de Me Jean-François Broise, il lui succède dans la charge de
commissaire-priseur en association avec Me Pierre Pomez. La société Pomez &
Boisseau est née qui a fêté en décembre dernier le cinquantenaire de
l'association des deux noms. André Boisseau exercera de 1962 à 1994, apportant
des innovations à une profession somme toute traditionnelle. Expert en meubles
régionaux, en numismatique et en armes anciennes, il imagine la première annexe
« industrielle ». Elles se développeront partout en France. Il préside
d'ailleurs la Chambre
nationale des commissaires priseurs de 1984 et 1986 et siégera au bureau de la
chambre régionale - la
Compagnie de l'Est -, pendant 15 ans, attaché notamment à la
formation. La retraite lui a permis de revenir à son premier métier au travers
de l'association des Amis du musée de la Bonneterie et par ses recherches. Il était un des
rares historiens de la bonneterie qui connaisse aussi la technique sur le bout
des doigts. Son dernier ouvrage - monumental - sur l'histoire technique de la
bonneterie est à paraître aux éditions de La Maison du Boulanger et il en surveillait encore
la mise en page des illustrations…
Jacques Fournier, président de l'ATEC, créateur du blog
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