jeudi 8 août 2013

LEBOCEY Machines et Aiguilles pour le Bonneterie - Troyes

 

Souvenirs de LEBOCEY

Le dernier dirigeant familial du constructeur de métiers de bonneterie a été inhumé hier dans sa ville natale L'hommage posthume rendu à Bernard Lebocey .

Le dernier dirigeant familial du constructeur de métiers de bonneterie a été inhumé hier dans sa ville natale L'hommage posthume rendu à Bernard Lebocey


 
Publié le 27 décembre 2008, article de Jorge D'HULST
         
Bernard Lebocey a fait partie des grands patrons de Troyes. Il a dirigé pendant presque trente ans l'entreprise la plus prestigieuse du chef-lieu de l'Aube : les établissements Lebocey. Installée à la fois avenue Pasteur et faubourg Croncels, cette société fabriquait le produit le plus noble de la ville : des métiers circulaires pour la bonneterie. C'était avant que la marque Lacoste ne se développe.
Bernard Lebocey s'est éteint la semaine dernière à l'âge de 84 ans à Vichy. Et ses obsèques qui se sont déroulées hier à Troyes, dans sa ville natale, ont permis qu'un hommage posthume lui soit rendu. Car, de son vivant, ce qu'il a apporté fut peu souligné. L'entreprise ayant fermé ses portes dans les années 70 dans des conditions dramatiques, entraînant la suppression de plus de 600 emplois, rien que sur Troyes. Car Lebocey possédait aussi des usines à Annemasse et en Suisse, à Nyon.
Hier en l'église Saint-Nicolas, sa nièce, Marina Cousté, a su trouver les mots pour retracer un parcours hors du commun, à tout point de vue. Elle a rappelé d'abord que Bernard Lebocey était issu d'une « longue lignée d'entrepreneurs ». La société, née en 1844, a été dirigée par des hommes qui ont marqué l'histoire industrielle de l'Aube : Georges, Jules et Gaston Lebocey.

« Robert Galley n'a pas voulu de Rockwell »
Il convient d'intégrer aussi à la dynastie familiale le nom de Marie-Louise Lebocey, l'ancienne présidente de la société artistique. Elle dirigea l'entreprise après la mort prématurée de son mari pendant la Deuxième Guerre mondiale et jusqu'à ce que son fils Bernard, parti s'engager dans la 2e DB, puisse s'en occuper.
À la différence d'autres grands dirigeants, Bernard Lebocey était un autodidacte. « Mais il était plein de bon sens », déclarait à la sortie de l'église André Boisseau, l'ancien commissaire-priseur, qui l'a bien connu.
Ce bon sens lui a permis de développer de façon spectaculaire l'entreprise. Sous sa houlette, elle connaît un rayonnement mondial, exportant 85 % de sa production. « La première crise économique de 1973 vint au bout de son dynamisme. Cette crise emportera par la suite la plupart des usines de bonneterie », a regretté Marina Cousté.

 Lebocey disparaîtra complètement, quelques années seulement après avoir déposé le bilan. Pourtant un repreneur s'était mis sur les rangs : Rockwell, sixième entreprise américaine. « Nous étions allés aux États-Unis pour rencontrer Rockwell. Mais il fallait l'aval du gouvernement français », révèle Jacqueline Cousté, la sœur de Bernard Lebocey. L'État n'a pas donné son accord.
Elle a son explication sur ce refus : « Rockwell avait aussi une usine d'armement. Pour cette raison, Robert Galley qui était alors ministre des Armées n'a pas voulu de Rockwell. Ma mère lui en a tenu rigueur pendant longtemps », signale-t-elle. Le gouvernement préféra une solution française : une reprise par les ARCT de Roanne. Mais qui déposeront à leur tour le bilan.

« Bernard Lebocey fera face avec dignité, aussi bien dans sa vie, que dans ses biens », a souligné lors des obsèques sa nièce. Il travaillera d'abord pour un constructeur de métiers espagnol, à Barcelone, puis dans les assurances avant de devenir antiquaire avec sa seconde épouse.

 Lors de la faillite, il habitait le château Lebocey, à Pont-Sainte-Marie. Mais comme celui-ci faisait partie des biens personnels qu'il avait gagés, il a dû le quitter. Les banques laisseront le château à l'abandon qui sera pillé, avant que des clochards n'y mettent le feu.

 Ce château venait d'un héritage des Bonbon, autre grand nom de la bonneterie. Un Bonbon s'était marié avec une sœur de Gaston Lebocey. « Bernard ne l'avait pas acheté avec les fonds de l'entreprise. Il mettait tout son argent dans la recherche », affirme sa sœur.

 Jorge D'HULST
L'Est Eclair





 
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